jeudi 16 avril 2009

Stendhal - Le Rouge et le Noir

Le Rouge et le Noir c'est un roman qui décrit l'ascension sociale d'un jeune homme (Julien Sorel) dont l'ambition le contraint au mensonge et à la dissimulation. Si les caractères des personnages de Stendhal sont extrêmement fouillés (en particulier celui des deux maîtresses de Sorel), c'est Sorel lui-même qui est au coeur du roman et de la focalisation du récit. Ses pensées et ses sentiments sont exposés avec une précision d'entomologiste. Mais Stendhal ne s'arrête pas qu'à ses personnages, et dresse également un tableau très complet de la société française à la veille de la Révolution de 1830.
Le Rouge et le Noir, sous-titré Chronique de 1830, est un roman écrit par Stendhal, publié à Paris chez Levavasseur en 1830. C'est la deuxième œuvre romanesque de Stendhal (après Armance). Le symbolisme contenu dans les couleurs du titre est un bon point de départ pour comprendre les multiples significations du roman. Le rouge évoque le sang du crime, la passion (le cœur), qui s'allie au noir du deuil, de la mort.
Livre I
En épigraphe, Le Rouge et le Noir , Chronique de 1830 porte « La vérité, l'âpre vérité. DANTON ». Aussitôt, Stendhal plante avec précision le décor de la petite ville de Verrières sur le Doubs et la situation sociale et politique, définissant l'atmosphère dans laquelle se forme l'état d'esprit du héros. Julien Sorel est le troisième fils du vieux Sorel, scieur, qui n'a que mépris pour les choses intellectuelles et donc pour Julien qui se révèle très tôt doué pour les études. Au contrairede ses frères, le garçon n'est pas taillé pour les travaux de force, et sa curiosité le pousse à s'instruire par tous les moyens possibles (ce que le père Sorel appelle flâner). Si le jeune garçon peut réciter par cœur le Nouveau Testament, s'il bénéficie de la protection du curé de son village, le curé Chélan, il connaît aussi tous les détails du Mémorial de Saint-Hélène, car paradoxalement il voue une admiration sans bornes à Napoléon Bonaparte qu’il considère tout à la fois comme un Dieu et comme un modèle de réussite. Malmené dans sa famille qui le tourne sans cesse en dérision ou lui fait subir des violences, il est protégé par le curé Chélan qui le recommande au Maire de Verrières, Monsieur de Rênal, comme précepteur de ses enfants, puis le fait entrer au séminaire. Ce sont là les débuts de Julien dans le monde de l'aristocratie de province. Malgré sa timidité naturelle, il parvient peu à peu à séduire Mme de Rênal, jeune femme assez belle, mais également d'une naïve timidité. La vie de Sorel chez les Rênal est donc marquée par sa vive passion pour Mme de Rênal et par son ambition démesurée. Il rêve de devenir une sorte de nouveau Napoléon Bonaparte. Sa vie est donc dominée par l’hypocrisie . Au "château" de Monsieur de Rênal, il doit cacher ses sentiments pour la maitresse de maison, et au curé Chélan son admiration pour Napoléon. Au château, le jeune homme gagne rapidemment le coeur des enfants et il prend l'habitude de passer ses soirées d'été en compagnie de Mme de Rênal qu'il surprend agréablement lorsqu'elle tente de lui faire un cadeau. La fierté du jeune homme plaît à cette provinciale rêveuse, qui tombe amoureuse de lui sans s'en rendre compte. Mais le tempérament fier et ombrageux de Julien va bientôt tout gâcher : il refuse une augmentation de salaire proposée par Monsieur de Renal et repousse les avances d'Élisa, femme de chambre de madame de Rênal. Élisa s'étant empressée de faire courir une rumeur (fondée) sur les sentiments qui animent sa maîtresse et Julien, les jaloux commencent à jaser à Verrières (Julien était devenu un homme à la mode) et du coup, Monsieur de Rênal reçoit une lettre anonyme dénonçant l'adultère de sa femme. Bien que ces racontars lui apparaissent fantaisistes, le maire de Verrières décide de se séparer de son précepteur. Julien, sur les conseils de l'abbé Chélan, quitte le domaine des Rênal et entre au grand séminaire de Besançon. Avant de partir, il a une dernière entrevue avec Madame de Rênal qui lui paraît très froide alors qu'elle lui porte toujours un amour profond. De là le malentendu qui aboutira à la tragédie. Julien l'impatient confond réserve et indifférence. Au séminaire de Besançon, Julien est haï par ses camarades, des espèces de paysans affamés dont l'aspiration suprême est "le lard aux œufs du dîner" ; il y fait la rencontre de l’Abbé Pirard qui percevra bien son ambition, mais qui le protégera aussi. Il passera bien des moments pénibles jusqu'au jour où l'abbé Pirard lui propose de devenir le secrétaire du Marquis de La Mole. Il part alors pour Paris afin de prendre ses fonctions auprès de l'illustre aristocrate.
Livre 2
Le marquis de La Mole, personnalité influente du faubourg Saint-Germain, remarque très vite l'intelligence de Julien, qui fait aussi la connaissance de Mathilde, la fille du marquis, une personnalité remarquable et remarquée de la jeunesse aristocratique parisienne. En dépit de ses nombreux prétendants de haut rang et des origines modestes de Julien, elle ne tarde pas à s'éprendre de lui, en qui elle voit une âme noble et fière ainsi qu'une vivacité d'esprit qui tranche face à l'apathie des aristocrates de son salon.
Une passion tumultueuse commence alors entre les deux jeunes gens. Elle lui avouera ensuite qu'elle est enceinte et prévient son père de son souhait d'épouser le jeune secrétaire. Mathilde ne réussira pas à convaincre tout à fait son père de la laisser épouser Julien, mais, dans l'attente d'une décision, le marquis fait anoblir Julien et lui procure un poste de lieutenant de hussards à Strasbourg. Le fils de charpentier devient ainsi M. le chevalier Julien Sorel de La Vernaye. C'est alors que Mathilde de La Mole appelle son amant à la rejoindre expressément à Paris : le marquis de La Mole refuse catégoriquement toute idée de mariage depuis qu'il a reçu une lettre de Madame de Rênal dénonçant (sur conseil impérieux de son confesseur) l'immoralité de son ancien amant rongé par l'ambition. Julien, impavide, se rend alors de Paris à Verrières, entre dans l'église et tire à deux reprises, en pleine messe, sur son ancienne maîtresse. Il ne se rend alors pas compte qu'il n'est pas parvenu à la tuer. Julien attend ensuite en prison la date de son jugement, prison où Mathilde passe le voir une fois par jour mais dont les poussées d'héroïsme finissent par lasser son amant. Mathilde de La Mole, sous un pseudonyme d'abord, puis sous son vrai nom ensuite, multiplie les tentatives pour le faire acquitter, notamment en faisant miroiter à l'ecclésiastique le plus influent de Besançon un poste d'évêque. Simultanément, Madame de Rênal tente de faire pencher le procès en faveur de Julien en écrivant aux jurés que ce serait une faute et qu'elle lui pardonne volontiers son geste « maladroit ». Malgré une opinion publique acquise à la cause du jeune Sorel, M. Valenod (qui fait partie du jury) parvient à faire condamner Julien à la guillotine, notamment à cause d'un discours provocant dénonçant les castes et l'ordre établi. À l'issue de la sentence, Mathilde et Mme de Rênal espèrent encore un recours en appel, mais Julien ne voit pas d'autre issue que le couperet. Madame de Rênal, qui s'est installée à Besançon malgré les réticences de son mari, est parvenue à obtenir l'autorisation d'aller voir Julien, qui retrouve pour elle une passion sans bornes. Malgré tous les sacrifices qu'elle est prête à consentir, Julien se résigne à la mort. Juste après l'exécution de Julien, Fouqué (son ami de toujours) rachète son corps au bourreau. Mathilde demande à voir la tête du père de son enfant, puis empoigne la tête de Julien et l'embrasse au front. Elle enterrera elle-même la tête à côté de sa tombe, dans une grotte située non loin de Verrières où Julien avait l'habitude de s'installer. Leur enfant aurait dû être pris en charge par Mme de Rênal, mais celle-ci meurt trois jours après Julien.

Le Rouge et le Noir est à la fois une étude sociale, politique et historique. C'est un roman historique, car Stendhal tente de dévoiler les coulisses de la révolution de 1830, avec comme trame la structure sociale de la France de l'époque, les oppositions entre Paris et la province, entre noblesse et bourgeoisie, entre les jansénistes et les jésuites.
C'est aussi un roman psychologique parce que dans Le Rouge et le Noir, Julien Sorel fait l'objet d'une véritable étude. Ambition, amour, passé, tout est analysé. Le lecteur suit avec un intérêt croissant les méandres de sa pensée, qui conditionnent ses actions. Mathilde de la Mole et Madame de Rênal ne sont pas en reste. Leur amour pour Julien, égal l'un à l'autre, sont mis en perspective. Tout le monde est mis à nu sous la plume de Stendhal.

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