samedi 11 avril 2009

La compréhension orale en classse de fle

Lorsque le professeur de français essaie d’introduire en classe de fle des enregistrements ou des clips vidéo pour travailler la compréhension orale, il arrive assez souvent que l’on entende de la part des élèves des complaintes telles "Je ne comprends rien", "C’est trop dur", "Le texte est compliqué" etc . C’est vrai que la plupart des élèves voient l’exercice de compréhension orale comme une des épreuves les plus difficiles en classe de fle . Faute d’une bonne habitude auditive en français, ils ont en effet tendance à ne comprendre que très peu de ce qu’ils entendent, pour qu’ils puissent saisir le sens global du texte oral qu’on leur propose. Cette difficulté auditive leur donne un fort sentiment d’impuissance et d’échec qui les détermine bien souvent de préférer la lecture, donc la compréhension écrite, à la compréhension orale. Ils connaissent pourtant des mots, des tournures, ils peuvent repérer des nombres, des dates ou des lieux. La tactique à mettre en œuvre par l’enseignant consiste donc à les canaliser vers les éléments connus. En s’appuyant sur ce que ceux-ci connaissent déjà (c’est à dire sur ce qu’ils peuvent distinguer correctement quand ils écoutent ), on peut leur transmettre une certaine confiance en eux-mêmes tout en évéillant peu à peu leur désir de reconstruire le sens de ce qui, à une première écoute, leur semble inconnu.
Propositions : sélectionner des documents réellement accessibles (longueur, contenu, thème) ; donner aux apprenants les moyens d’entrer dans le texte sous la forme de tâches précises ;
La compréhension orale est une activité exigeante pour les élèves. On entend parfois au milieu de l’activité des affirmations qui trahissent leur fatigue : "J’en ai marre", "Ma tête va exploser", "Je comprends de moins en moins" etc. Pour les aider à rester concentrés sur le document et sur les tâches qu’on leur assigne, il vaut mieux privilégier les documents courts ou segmenter les documents longs. Plusieurs petites séances aux objectifs bien ciblés sont généralement plus fructueuses qu’une longue session destinée à épuiser le support (mais qui épuise surtout les étudiants… et l’enseignant).
Propositions : multiplier les séances de compréhension orale pour habituer les élèves et dédramatiser cette activité ; assigner des tâches précises et ciblées ; proposer des activités variées pour soutenir l’attention et la motivation des élèves.
L’enseignant voit souvent la stupéfaction sur les visages des élèves lorsque ceux-ci découvrent la transcription du texte. Ils réalisent qu’ils connaissaient beaucoup de mots mais à l’oral ils n’ont pas pu les reconnaître. "À l’écrit, j’aurais compris, mais à l’oral, impossible…" "La prononciation est trop différente". Dès le début de la formation, il est donc très important que les élèves entendent et écoutent la langue autant que possible afin de fixer la forme orale du lexique.
Propositions : travailler l’écoute aussi souvent que possible ; pousser les élèves à réécouter les documents sonores chez eux et à s’en imprégner le plus possible ; clarifier très tôt les correspondances graphie / phonie, tels que les liaisons, les allongements, les contractions etc. par divers exercices de phonétique.
Bien que le contenu linguistique soit à leur niveau, il arrive parfois que certains mots ou certaines expressions posent des problèmes aux apprenants quant à leur compréhension. ("Je ne vois pas où ça mène", "Je ne comprends pas ) . Pour saisir leur sens, ceux-ci sont habitués à confronter la situation de communication avec leur connaissance du monde. La reconstruction du sens passe en effet par un va-et-vient entre les indices offerts par le document et les référents et les connaissances générales des élèves. Si le contenu s’inscrit dans un domaine ou un contexte totalement méconnu des étudiants, le sens leur échappe.
Propositions : sélectionner des documents en rapport avec le monde des apprenants ; répondre aux besoins et intérêts de l’élève.
Le plus souvent, quel que soit le document oral proposé, le scénario est le suivant : certains élèves écoutent, d’autres sont absorbés par tout autre chose, et au moment de répondre aucun ne sait par où commencer : "Qu’est-ce qu’il faut faire ?", "Je m’ennuie". Pour éviter cette situation, l’enseignant doit donner aux élèves des tâches à réaliser. Ils adoptent ainsi une attitude d'écoute active et mobilisent leurs facultés de compréhension pour faire l’exercice (grille à remplir, cases à cocher, points à repérer, plan de ville à suivre, QCM…).
Proposition :
- rendre les apprenants actifs dans la négociation du sens : tout doit venir d’eux, l’enseignant les pose des questions ponctuelles qui les aident à construire le sens et à synthétiser.
Les élèves réussissent à comprendre des choses mais ils ne peuvent pas répondre aux questions de l’enseignant, ils ne peuvent dépasser la phase de compréhension orale pour arriver à la production orale. "J’ai compris mais je ne sais pas comment expliquer", "Comment dire…" Il est important de bien cibler la compétence travaillée et de ne pas transformer une activité de compréhension orale en un exercice de production orale.
Proposition :
- poser des questions fermées ou semi-ouvertes afin que les étudiants puissent s’appuyer sur les éléments qu’ils ont entendus.
Les séances de compréhension orale se suivent et ne se ressemblent pas mais on peut quand même trouver des points communs assez nombreux d’une salle de classe à l’autre qui nous offrent un schéma général pour le déroulement d’une activité de compréhension orale.
Déroulement d’une séance de compréhension orale
1. Activités de préécoute (discussions qui introduisent d’une certaine manière les élèves dans l’univers sémantique et lexical de ce qu’ils vont écouter)
2. Écoute - compréhension globale
- Repérage de choses simples telles que la nature du document (interview, dialogue, informations, jeu…), les interlocuteurs (nombre, nom, professions…), le lieu et le sujet du document.
- Petite prise de notes pour mémoriser les indices entendus et préparer la restitution orale.
- Mise en commun de ce qui a été compris par rapport au repérage demandé.
- Vérification des réponses au cours d’une deuxième écoute.
3. Écoute - compréhension fine / détaillée
- Repérage de notions plus précises ( description d'une personne ou d'un objet, arguments publicitaires, chronologie d'un récit, indications d'un itinéraire...).
- Travail avec une fiche d'écoute pour guider l'apprenant.
- Réécoute du document si nécessaire.
On peut prolonger l’activité à travers les exercices suivants :
4. Activités d’entraînement (lexique / grammaire)
5. Exploitation en production écrite / orale
6. Élargissement culturel / lexical
Bibliographie
Tagliante, Christine, La classe de langue, CLE International, 2006
Zoubeida KADI, Rim CHAMIE, Jean-Michel DUCROT, Pierre Louay SALAM, Cours d'initiation à la didactique du Français Langue Etrangère en contexte syrien

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Apres avoir lu cet article, je me demande: Que cherches-tu a CTC? Tu est vraiment le professeur ideal!!! Ton affirmation (celle liee du fait que tu exerces ce metier de professeur avec beaucoup de passion), je m'en souviens et je la soutiens!